La question qui me préoccupe ici est de souligner que, dans les premiers siècles, jusqu’au Augustin, le christianisme avait un statut double et ambigu : de religion et de philosophie. À cet égard, je propose de donner l’exemple de saint Justin le Martyr et le Philosophe. Dans sa biographie, on peut voir facilement que la participation à toutes les grandes écoles de philosophie de son époque était liée à son désir ardent d’ «arriver» à Dieu. Aucun enseignant / philosophe renomé de son temps et aucune philosophie (stoïcisme, pitagoreisme, aristetotelisme) n’a reussi intellectuellement à lui apporter la paix de l’esprit dont il avait besoin. Seul le platonisme l’a amené à croire qu’il est presque dans les bras de Dieu. Mais la rencontre avec un vieil homme qui lui a parlé pour la première fois de Jésus et des prophètes, a allumé en lui un grand amour pour le Christ. Même si le terme φιλοσοφια d’un texte de Paul (Col. II, 8) avait une charge hérétique, indiquant une révélation magique plutôt qu’un argument rationnel, Justin l’a utilisé avec désinvolture, en disant même que les Saintes Ecritures sont «la seule philosophie sûre et apportant de folos» (Dial. Triphon VIII). Les textes de saint Justin, sa méthode de l’exposition et l’argumentation le recommandent comme un philosophe (sans que cette situation lui annule ou lui remet en question le statut de chrétien), cela veut dire qu’il applique le style rigoureux et clair, donnant les explications nécessaires, les exemples et les termes (incréé, à naître, impassibles, incompréhensibles, inaccessibles, etc.) afin de renforcer les allégations. Jusqu’à sa mort, il a porté « le manteau » d’un philosophe.
Key words:
christianisme, philosophie, Justin, exercices spirituels, foi
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