Baza de date „Diacronia” (BDD)
Titlu:

Tatăl nostru

Autor:
Publicația: Dacoromania. Serie nouă, XI-XII, p. 17-75
p-ISSN:1582-4438
Editura:Editura Academiei
Locul:Cluj-Napoca
Anul:
Rezumat:1. C’est pour la première fois qu’une étude plus ample sur l’Oratio dominicalis – transmise par Jésus Christ à Ses Apôtres – paraît en Roumanie. Cet article laïque et historique étudie les changements que cette prière a subis depuis son attestation évangélique (Mathieu 6, 9–13, Luc 11, 2–4), jusqu’aux versions romanes modernes en passant par les versions médiévales. A partir des langues originaires, l’araméen (la langue de Jésus), l’hébreu et le grec (la langue des Évangiles), l’Oratio dominicalis été traduite, comme les textes évangéliques, en latin (Veteres latina) au IIe et IIIe siècles. Devenue entre temps la prière fondamentale du christianisme, elle este incluse dans la Vulgata catholique (Ive) et «reproduite» par des versions «vulgaires», autorisées par l’Eglise dans les langues romanes occidentales.
Le titre de l’Oratio dominicalis – terme théologique – coïncide avec ses premiers mots: Páter hemón (en grec), Pater noster (en latin).
2. La version de la Vulgata devient le texte fondamental de l’Église Catholique dans les pays occidentaux. Mais, étant donné que le latin ecclésiastique (littéraire) n’était pas à la portée de tout le monde, même pas à la portée des croyants, sans une culture appropriée, des versions simplifiées ou paraphrasées (explicatives, „vulgarisées”) de la prière sont apparues dans les langues romanes occidentales. Pendant l’office religieux, le récitatif étant en latin, les fidèles disposaient pour leur usage d’une version plus explicite, autorisée par l’Église. Ces versions „populaires” – qui, en Italie, s’appelaient „volgarizzamenti” – sont également examinées dans cette étude.
3. Cette situation persiste en Europe occidentale jusqu’au XVIe siècle, quand – en 1516 – Erasmus traduit la Bible ab novo. Un autre texte essayait ainsi de remplacer la Vulgata. En outre, avec la Réforme de Luther et de Calvin, la traduction de la Bible dans les langues „vernaculaires”, moins répandues, connaît une diffusion et un essor de plus en plus importants. L’Oratio dominicalis – Pater noster – est traduite maintenant dans les langues de tous les chrétiens d’Europe.
4. De ces circonstances favorables ont profité aussi les zones de confession gréco-orientale. Sur ces territoires l’expansion de l’Évangile s’est produite à partir du centre théologique et culturel d’Alexandrie, constitué par un mélange ethnique et religieux juif, grec et latin. Il y avait à Alexandrie des Grecs judaïsés, des Juifs grécophones et de culture hellénique et des Latins ou des latinophones: un véritable melting-pot de l’Antiquité. Ils avaient des contacts directs avec les lieux où sont nés Jésus et les Apôtres et ils ont été les premiers lecteurs et interprètes des Évangiles (écrites au Ier siècle).
D’Alexandrie, les Évangiles et leurs traductions latines sont arrivées en Occident par l’Afrique du Nord (avec Carthage comme première étape), mais, étant écrites en grec, elles touchaient également les communautés de la Grèce ancienne, c’est-à-dire de l’Elade. La première langue du christianisme en expansion a été le grec!
C’est ainsi – on peut bien le supposer – que l’évangélisation a atteint les bords de la Mer Noire, le Pontus Euxinus de l’époque. Il y avait dans cette zone maritime de la Scythia Minor quelques cités-forteresses construites et peuplées par les Grecs (dont Tomis était la plus importante). C’est là-bas, dans la Scythia Minor maritime et grecque, qu’a eu probablement lieu la première christianisation (évangélisation) des territoires nommés ultérieurement „roumains”. Cette première christianisation aurait pu se produire entre le IIe et le IIIe siècle.
Une deuxième christianisation a eu lieu sur les territoires occidentaux de l’actuelle Roumanie (la Transylvanie) suite à l’invasion des Romains, à partir du IIe siècle. C’est là un autre „couloir” de culture, selon l’expression de N. Iorga (reprise par G. Brătianu et R. Theodorescu), un couloir représenté par les Romains (soldats et colons) dont on peut supposer que quelques-uns étaient christianisés (dans les limites d’un christianisme initiatique, primitif).
Tout cela atteste que la pénétration du christianisme sur le territoire de l’actuelle Roumanie a devancé de 6 à 7 siècles ce qu’on appelle la „formation du peuple et de la langue roumains”. Ceci dit, on peut affirmer que l’avènement du christianisme n’a aucun rapport avec les problèmes de la „continuité” daco-romaine en Transylvanie. Les communautés roumanophones du nord du Danube ont été chrétiennes bien avant d’être considérées «daco-romanes» et encore moins «roumaines»!
5. En revanche, le sort de l’Oratio dominicalis est directement lié à l’expansion du christianisme dans les régions situées entre le Danube et les Carpates. Même si le christianisme s’y est implanté très tôt, d’une manière plutôt primaire, une bonne partie de la terminologie chrétienne d’origine latine en roumain ne saurait être antérieure au IVe ou Ve siècle. Ainsi, Dumnezeu (du lat. Domine-Deus, cf. aussi it. Domineddio) est associé à l’office religieux en latin qui n’est attesté qu’au IVe siècle. Biserică (du lat. Basilica) a acquis son sens religieux chrétien seulement au IVe siècle. Il s’ensuit que l’existence d’une vrai office chrétien dans nos contrées ne peut être datée qu’à partir de cette époque – et ipso facto qu’elle est liée aux régions du sud du Danube, fortement romanisées.
De la même manière l’Oratio dominicalis pénètre plus tard au nord du Danube dans la langue des conquérants slaves de ces régions. La prière de Jésus a été traduite du grec en slavon (autour du IXe ou Xe siècle, après la christianisation des Bulgares) et, devenue Otcě naš (Pater noster), elle touche, entre les Carpates et le Danube, les communautés déjà évangélisées dans cette expression. Les élites slavo-bulgares qui dominaient les territoires de la «grande Bulgarie» l’ont diffusée auprès des croyants roumanophones qu’elles gouvernaient (selon P. P. Panaitescu). Les Roumains ont dû se résigner ainsi à parler une langue romane et à prier dans une langue slave (le slavon étant la langue officielle de la culture religieuse et de l’administration).
La prière Otče naš, devenue en roumain Ocenaş, est la première version de l’Oratio dominicalis attestée sur le territoire roumain au nord du Danube. Cette version slavone est restée officiellement intégrée à l’office orthodoxe roumain jusqu’au XVIe siècle, époque des premiers textes écrits en roumain (parus peut-être dès la fin du XVe). La pénétration de la Réforme de Luther en Transylvanie au temps du „voïvodat” (principauté) de Transylvanie (après 1541), grâce aux „Saxons” (roum. saşi) de Braşov (Kronstadt), a favorisé la traduction de Ocenaş en roumain. L’Evangheliar de Coresi (1559) de même que le Tetraevangheliar (1560–1561) ont introduit le texte roumain dans les textes sacrés orthodoxes. Mais on ne peut pas savoir s’il a été introduit également au sein de l’office orthodoxe en langue roumaine. Tout ce qu’on peut dire c’est que la Réforme de Luther et de Calvin préconisaient le culte religieux en langue roumaine. C’est ainsi que l’Oratio dominicalis se voyait enfin accorder la place centrale qu’elle méritait.
La présente étude examine les diverses versions que ce texte a connues en roumain et les difficultés soulevées par la transposition terminologique: il y a – comme on le sait – dans la prière de Jésus des termes théologiques en hébreu, en grec et en slavon dont le roumain pouvait difficilement rendre le sens. C’est pourquoi on peut supposer qu’il y a eu plusieurs versions de Otče naš. Sur le territoire roumain auraient donc circulé plusieurs traductions du slavon en roumain de même que plusieurs versions roumaines. Il n’est pas exclu par ailleurs que les adeptes de Jan Hus, réfugiés au XVe siècle en Moldavie, aient traduit eux aussi Otče naš en roumain vu que la version moldave de Luca Stroici 1594 est différente des versions de Transylvanie.
Au XVIIe siècle, avec Noul Testament de la Bălgrad (1648) commence à prendre corps une version roumaine mieux articulée de la prière. En 1688, la Bible de Bucarest, qui consacre une nouvelle traduction du grec, établit un texte plus apte à devenir le texte définitif du Tatăl nostru roumain. Mais ce texte n’avait pas de chances d’être utilisé en dehors de l’office orthodoxe du fait que le culte continuait à être célébré en slavon ou en grec dans les églises de Ţara Românească. Tandis qu’à cette même époque, en Transylvanie, sur la disposition officielle des autorités calvines, les «slujbe» (offices) orthodoxes se faisaient en roumain!
Les versions roumaines de Tatăl nostru connaissent avec le temps bien des variations terminologiques; rien que le syntagme (pâinea noastră) cea de toate zilele a pu enregistrer plusieurs variantes: săţioasă, cea de-a pururi, cea de fiinţă.
Mais ce qu’il y a d’important dans l’histoire de Tatăl nostru et de ses variantes ne concerne pas vraiment le texte. En utilisant cette prière, avec ses différentes variations terminologiques, la spiritualité chrétienne des communautés roumanophones lui reconnaît une validité absolue, unique. La comparaison des versions roumaines qu’elle a connues depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours, illustre l’indifférence des fidèles à l’égard des textes sacrés écrits (due peut-être à l’ignorance). Pour tout chrétien roumain, Tatăl nostru reste le prière orale fondamentale apprise et pratiquée en famille comme à l’église: elle devient ainsi l’élément essentiel de l’unité orthodoxe sur tout le territoire où se parle la langue roumaine.
Limba: română
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